Ce film de fiction fut tourné au cours de la dernière expédition du Dr. Knud Rasmussen, le célèbre explorateur danois de l'Arctique (né en 1879 au Groenland, décédé en 1933). En voici le synopsis : C'est l'été au Groenland. Deux jeunes chasseurs, Palo et Samo, sont amoureux de la même jeune fille, la jolie Navarana. Durant une compétition de tambours, ancien rite autochtone, Samo sort son couteau et frappe Palo à mort. Palo échappe de justesse à la mort . Une fois rétabli, il apprend que le frère de Navarana l'a emmenée au campement d'hiver. Palo pagaye son kayak à travers une mer démontée- dans laquelle il semble impossible qu'une petite embarcation puisse survivre- pour atteindre la femme qu'il aime et veut épouser. Ensemble, ils partent à nouveau dans la tempête. Samo, fou de jalousie, les poursuit dans l'intention de les tuer avec son harpon mais il chavire et se noie. Ce film a obtenu le Grand Prix au Festival International du Film de Venise et a été salué avec enthousiasme par la critique internationale, en particulier aux Etats Unis lors de sa sortie. Plusieurs aspects de ce film sont à souligner: Une certaine qualité technique que le temps n'a pas émoussée, une grande beauté de l'image toujours soigneusement cadrée, la présence de dialogues en direct traduits par des sous titres.
De nombreuses scénes montrent la vie quotidienne et les activités des esquimaux. Aussi bien des scènes collectives publiques telles que la pêche au saumon, les repas qui succèdent à la chasse, la construction d'un abri en peaux, que des scènes plus intimes comme un rituel de guérison , les jeux des enfants ou les femmes prenant soin de leur chevelure. Pour toutes ces raisons ainsi qu 'en raison de la personnalité de son initiateur, Knud Rasmussen, ce film peut être considéré comme exceptionnel. Le seul élément peut-être difficle à accepter en ce début de XXI° siècle, c'est la présence forte et envahissante de ce que l'on appelait à l'époque une "musique de film". Cette domination d'une musique off est en effet un trait incontournable de l'esthétique cinématographique documentaire des années 30. Il est intéressant, à titre expérimental, de visionner également le film en coupant le son, ce qui donne encore plus d'intérêt à l'image. Malheureusement, en coupant la musique, on ne peut éviter de couper également le son, les paroles et les chants.
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